Jean-Baptiste Lyonnet
Espaces et horizons
Il est parti parcourir la planète
L’homme solitaire avec ses ailes dans la tête
Il a rejoint les grands espaces
Où sourd l’éclat des banquises
Grands espaces aux horizons noyés
Océans immenses à l’assaut des limites
Vagues à l’âme des flots
Les bateaux ivres partent à la dérive
Sur des sommets enneigés d’écume
Des lunes pâles crissent
Dans des ciels porteurs de glace
Troupes obscures de nuages enflés
Ombres dévoreuses
Torpeur des trous noirs
Ondes envahies des nuits retenues
Prairies de sable aux senteurs d’algues
Violence froide des nuées
Aux parfums d’ouragan
Océans gelés
Où la roche respire le vent
Eaux Glauques
Courants sournois
Remous de vase et de sable
Du ventre des marécages
Montent des embruns poisseux
Ilots de brouillard
Flottant comme des étoupes
Terres éclaboussées d’une lumière fatiguée
Fumées sang mêlées de brume
Plaines et marais confondus
La caravane des logis tremble comme un mirage
Et s’évanouit dans la poussière
Soleil levant Soleil couchant
Soleil ardent Soleil triomphant
La lumière l’a emporté
Au pays des mille soleils
L’homme solitaire avec ses ailes dans la tête
Il a rejoint les grands espaces
Inondés de lumière
Où le soleil explose
Embrasant la planète
Les flammèches incandescentes
Mordent les immensités aux cheveux roux
Le ciel brûle
Incendie rougeoyant
Ligne fondue de l’horizon
Ligne ensanglantée accouchant des Xanadu
Formes éclatées
Bouillonnement
Mers flamboyantes des sables
Déserts en fusion
Terres arides
Lueurs de volcans répandus
Velours rougis de la fournaise
Le feu Chevauche les lignes à l’infini
Loin dans le temps
Des villages incertains
S’étirent comme des troupeaux
Terres abandonnées
Coupoles dorées
Aux seins gonflés de lumière
Villes bouton d’or
Enivrées de désert
Terres brûlantes
Ephémères demeures dévorées
Cœurs de cocons bleutés
La douce musique des hommes
Egraine ses notes étouffées
Comme un chapelet douloureux;
Bernard & JB Lyonnet